Les valeurs du projet

1. 1 Présentation du projet

Définir les valeurs d’une coopérative est fondamental. Savoir qui on est, ce que l’on fait, comment on le fait mais surtout la raison pour laquelle on le fait sont des questionnements profonds qui définissent l’organisation et qui donnent le point de départ de toute initiative d’innovation. C’est la raison d’être telle qu’elle a été définie qui guide nos décisions.

Les valeurs sont décrites de manière plus détaillée dans la charte de la coopérative. Nous reprenons ici uniquement quelques éléments :

1. 1. 1. Raison d’être

Faire émerger, créer, vivre un lieu de rencontre et de passage dans lequel nous explorons des pistes de changements économiques, écologiques et sociaux vers une transition locale et globale (voir aussi art. 3a des statuts)

1.1. 2. Finalités

La réalité de notre coopérative est en premier lieu celle d’un Eco-camping qui accueille des personnes de passage, des saisonniers ou des coopérateurs et dont l’activité génère des revenus nécessaires à la poursuite des objectifs généraux.
Le tourisme qu’elle propose se veut être un moment d’expérience, de rencontre et d’échanges.
La coopérative a pour vocation de s’inscrire dans le tissu social existant en mettant en place des modèles et des pratiques de transition sur le site de Naturia, source d’inspiration pour d’autres lieux. Ceux-ci se construisent au fur et à mesure, aussi avec les personnes que nous rencontrons, et se travaillent plus spécifiquement à partir des projets présentés par des coopérateurs et des priorités définis par l’AG décrit au point 2.3.

Les projets et priorités s’articulent pour le moment autour de pôles en lien avec la permaculture, dans son sens étendu de ‘la culture du permanent’.
le pôle écologique
le pôle économique
le pôle social
le pôle culture

Nous envisageons de mettre en place et d’explorer des leviers de transition écologique et énergétique (source d’eau naturelle, énergie hydraulique, solaire…) en passant entre autres par la permaculture, la gestion des déchets, l’habitat léger, la recherche d’autonomie… en lien avec un territoire délimité.

Nous envisageons la transition économique en privilégiant le circuit court, la juste rémunération de nos partenaires et la nôtre, la mise en œuvre d’un autre modèle économique où l’argent est un moyen mais non un but.
La coopérative comme société vise l’équilibre budgétaire et autant que possible la réalisation de bénéfices dont l’affectation est régie par l’art. 24 des statuts et par le présent Règlement. Comme entreprise sociale elle vise la prestation de services aux coopérateurs ou à la communauté plutôt que la motivation de bénéfices individuels . C’est l’écrin juridique pour cette transition.

Notre intention est d’arriver à une répartition des marges financières qui tiennent compte :

de la juste rémunération de ses travailleurs en mettant en place un modèle qui régule les écarts salariaux
des investissements nécessaires aux projets présents et à venir ;
de la constitution d’une réserve impartageable nécessaire à la consolidation économique et financière de la coopérative ;
des besoins en information et en formation des membres et du personnel, actuels et potentiels, ou du grand public ;
de l’opportunité de distribuer des dividendes.

Nous envisageons également la transition sociale et culturelle en mettant en avant la notion de pédagogie, d’accueil, de rencontres et de considération (des voisins, des personnes de passage, des locataires, des coopérateurs, des associations partenaires, des artistes…).

1. 2. Impact social

Pour évaluer notre impact social autour des finalités définies ci-dessus nous proposons de créer des pôles de recherches et d’explorations autour des trois grandes thématiques définies.
Les impacts sociaux définis ci-dessus sont donc uniquement des points que nous pouvons repérer et seront certainement à revoir et redéfinir régulièrement.

-> pour la transition économique :

La recherche et mise en place de modèles économiques alternatifs qui redonnent à l’argent sa dimension de facilitateur d’échanges et non un but en soi.
Engager la coopérative dans la prestation de services aux membres ou à la communauté plutôt que la réalisation de bénéfices en tant qu’actionnaire.
Recherche de modèles et mise en place de collaboration avec des producteurs locaux et le tissu économique local.
Recherche de nouveaux modes de collaborations entre les apporteurs des services…

-> pour la transition écologique :

Etablissement d’une charte constructive plus inspirante que contraignante pour toutes les infrastructures et habitations sur le site qui met en avant la limitation des émissions de CO2, l’utilisation de matériaux biodégradables, recyclables et/ou recyclés (voir annexe: charte constructive)
Etablissement d’un plan stratégique pour la mise en place d’utilisation de ressources énergétiques renouvelables communes en lien avec les ressources disponibles.
La mise en place d’une charte pour la gestion des déchets qui fait la part belle au compost et au recyclage ainsi que sa mise en oeuvre
Construction et mise à disposition de logements inspirants alternatifs
Nous intégrons le Réseau nature, l’obtention à terme du label Nature octroyé par Natagora, qui vise à augmenter la biodiversité, la réduction de notre empreinte carbone et l’amélioration de notre empreinte écologique
Les cinq mesures obligatoires pour intégrer le Réseau Nature auxquelles on s’engage sont les suivants
1. Je m’engage à renoncer aux pesticides de synthèse.
2. Je m’engage à préserver les milieux naturels et ne pas développer des activités humaines
entraînant leur destruction.
3. Je m’engage à privilégier les plantes indigènes qui existent à l’état sauvage dans ma région.
4. Je m’engage à encourager la spontanéité et la diversité de la vie sauvage.
5. Je m’engage à restreindre le développement des espèces exotiques envahissantes et à ne pas en introduire.

-> pour la transition sociale et culturelle
rédaction de récits alternatifs et inspirants qui permettent aux personnes de passage et résidents de se raconter et s’inventer autrement
création d’espaces de rencontres (cuisine commune, espace d’échange, ..) permettant l’émulsion et l’essaimage d’idées
articulation de différentes populations (locataires, personnes de passage, coopérateurs résidents, bénéficiaires d’associations…) autour de projets spécifiques
collaboration avec des acteurs du tissu social et culturel local
ré-insertion sociale de personnes fragilisées et/ou dés-insérées.

1.3. Précision sur le besoin social

Le besoin social tel que défini au point ci-dessous est étayé entre autres par les données suivantes :

d’un point de vue écologique : le dernier rapport du GIEC (https://climat.be/actualites/2021/6e-rapport-du-giec-face-a-des-risques-sans-precedent-la-communaute-scientifique-lance-un-nouveau-signal-d-alarme) montre que l’humanité entière est face à des défis de taille et que la limitation des émissions cumulées de CO2 doit être une priorité.

d’un point de vue économique :
Economie Sociale | Une autre manière d’entreprendre, qui place l’humain au centre.

d’un point de vue socio-culturel : L’économie de la culture en Belgique (francemusique.fr)
Vers un nouveau statut d’artiste ? « La situation était difficile avant la crise, aujourd’hui elle est intenable » (rtbf.be)
Peut-on encore vivre de son art ? – Revue À bâbord ! (ababord.org)
Culture et lutte contre la pauvreté (cultureetdemocratie.be)

Il va sans dire que les différents niveaux interagissent et expriment la complexité du milieu dans lequel nous vivons.

1.4 Territoires d’actions et évolutions

Le projet social tel que nous l’avons défini peut s’inscrire dans différents territoires d’action. Nous avons d’ailleurs l’espoir que notre territoire d’expérimentation, laboratoire écologique, économique et humain va inspirer et s’élargir vers d’autres initiatives et dans d’autres lieux.

Naturia présente cependant plusieurs caractéristiques qui facilitent son déploiement à différents niveaux :

Naturia est composé de deux plans d’eau, de bosquets forestiers et d’une zone de loisirs: autant de zones différentes qui permettent l’exploration et la mise en pratiques de projets de transitions tels que décrits plus haut.
Les plans d’eau et la zone forestière plus particulièrement pour l’axe écologique économique
La zone de loisir plus particulièrement pour les trois axes dans leur articulation avec les personnes qui s’y installent plus ou moins longtemps.

En outre Naturia est entouré de Natura 2000 (http://biodiversite.wallonie.be/fr/natura-2000.html?IDC=829) et proche de la réserve naturelle du Pays de Chimay (http://www.foretdupaysdechimay.be/fr/page/parc_et_reserve_naturelle) ce qui nous permet d’inscrire la dimension écologique dans une espace plus large qui dépasse notre territoire.

Il existe dans la région un tissu de producteurs locaux assez dense.
– Plusieurs initiatives et coopératives autour de la transition économiques, sociale ou/et écologiques sont déjà actives dans la région, plutôt que de rivaliser avec celles-ci nous cherchons à coopérer

1.5. Solutions concrètes proposées à court, moyen, long terme

Comme évoqué plus haut les solutions concrètes énoncées ici seront en constante évolution selon les personnes rencontrées et leurs propositions de solutions. Nous pensons en effet que la majorité des solutions reste encore à trouver et ne peut donc pas encore être définies. La mise en œuvre sera également fonction de ce que nous allons disposer comme budget :

Transition écologique

court terme
établissement d’une charte constructive et initiation à la rénovation et la construction d’habitat moins polluant et réversible
rencontre d’organisme d’audit énergétique
isolations des espaces communs
tri des déchets
construction de lieux de compostage

moyen terme
– réduction du CO2
– construction d’habitats moins polluant et inspirant
– mise à disposition des toilettes sèches
– lagunage
– redessiner l’espace pour y intégrer la prolifération de faune et flore

long terme
– autonomie en énergie
– mise en place d’un potager et d’une forêt nourricière
– éducation à la transition écologique

Transition économique

court terme
passage d’une SCRL à une SCES (société coopérative et entreprise sociale)
prise de contact avec des producteurs locaux et développement de collaboration
proposer des produits locaux à la vente dans la boutique et comme produit de base pour nos propositions de consommation au restaurant et bar.
inscription dans le réseau de la monnaie locale Le Semeur…

moyen terme
– mise en place d’espace de rencontres entre consommateur et producteur

long terme
contribution à un tissu économique local coopératif
création d’un modèle économique différent
témoignage et diffusion de notre expérience (publication, conférence…)
création d’une fondation pour mettre le territoire et le capital à l’abri de la spéculation

Transition sociale et culturelle

court terme
mise en place d’espaces et de moyens pour inventer des récits alternatifs et inspirants qui permettent aux personnes de passage et résidents de se raconter et s’inventer autrement;
création d’espaces de rencontre (cuisine commune, espace d’échange, ..) permettant le bouillonement et l’essaimage d’idées…

moyen terme
articulation de différentes populations (locataires, personnes de passage, coopérateurs résidents, personnes fragilisés…) autour de projets spécifiques.
collaboration avec des acteurs du tissu social et culturel local
organiser des soirées jeux
construction d’une plaine de jeux d’une autre nature
organisation de soirées culturelles, exposition
accueil d’artistes en résidences
– organisation de concerts , de festivals
– mise sur pied d’une asbl socio-culturelle

long terme
– proposer une programmation annuelle d’activités culturelles et sociales à partir de l’expérience des projets à moyen terme

Les différents pôles que nous avons définis s’inscrivent dans la vision que nous avons du développement du site à partir d’un cahier de navigation en cours d’élaboration avec Luc et Alban Schuiten. Ce cahier constitue une balise qui défini visuellement vers où nous allons (notre vision du site dans la futur) et peut être consulté en annexe.

1.6. Bases du modèle économique

Notre projet ne peut se construire que s’il pose des choix rapides et radicaux, dès le début du projet, ce qui nécessite des sources de financement qui peuvent être activées rapidement. Il doit cependant également veiller à être pérenne dans le temps et générer des sources de revenus. Nous lançons ce projet avec la pleine conscience d’une dette de vie à l’égard des générations futures.

Nous disposons d’un site de 6ha, un apport foncier inestimable qui doit être traité comme la Terre elle-même, c’est-à-dire comme un espace de nature qui ne peut nous appartenir mais qui nous invite à en faire un usage durable et transmissible.

Signer ce ROI signifie également rejoindre l’acte posé par les coopérateurs-fondateurs : s’engager à mettre le terrain à l’abri de toute spéculation immobilière.

S’il y a la liquidation de la Société, le patrimoine subsistant est régi par l’art.26 des statuts

Les sources de financement pour lancer rapidement les différentes initiatives qui impulsent un changement structurel prennent appui sur différents apports:
apports financiers de coopérateurs
subsides et subventions
prêt bancaire ou prêt des coopérateurs

Les sources de revenus pérennes sont liées à l’activité économique qui accompagne et découle des changements structurels :
activités de l’Eco-camping dont :
location d’emplacements pour touristes de passage
location d’habitats inspirants
location à long terme à des résidents historiques ou à projet
activités HoReCa et boutique
activités culturelles, sportives, économiques, pédagogiques et artistiques