1. Etat de la société et du monde

Ce n’est malheureusement pas une nouveauté, notre monde fait face à une urgence écologique de plus en plus inquiétante. Cela suscite une agitation politique croissante qui n’est pas toujours très consistante, allant plus souvent du côté d’une construction sécuritaire éphémère plutôt que d’une solidarité pérenne. Ce qu’il semble falloir sauver avant tout, c’est un modèle néolibéral et les possibilités de spéculation qu’il offre, alors même que cela donne lieu à des inégalités sociales profondes et une exploitation de la terre excessive. Les citoyens sont invités à se mettre au service de ce modèle plutôt que de prendre du temps pour en sortir alors même que les aspirations vont dans cette deuxième direction. Cette tension entre aspirations personnelles et obligation de vendre son temps pour du travail insensé suscite des « burn-outs » : l’énergie humaine, exploitée comme celle de la planète, empêche les humains d’agir pour se défendre, à mettre en œuvre un temps de transition.

  1. Les verrous économiques et sociaux

Notre système socio-politique est, à la fois, particulièrement attentif à notre situation (sécurité sociale, droit au chômage, allocations familiales,…) et de plus en plus happés par les sirènes de la consommation comme point d’appui économique ultime. Nos dirigeants qui sont aussi nos représentants sont régulièrement mis à mal dans cette représentation par des pressions extérieures et cela met notre solidarité en difficulté. Le modèle capitaliste verrouille les élans de transition quand ils sont sur le point d’aboutir. Notre système représentatif ne permet pas la participation citoyenne nécessaire au sentiment de responsabilité de chacun. Les citoyens se réfugient dans leurs habitudes de consommation, délaissent leur imagination et laisse les flux spéculatifs emporter la transition.

  1. La transformation nécessaire

Devant ces difficultés, que signifie « transition » ? C’est l’aménagement d’un passage entre une situation et une autre. C’est un temps qui permet de se délier de l’existant pour faire naître du nouveau, pour utiliser les ressources autrement, repenser les échanges. C’est un temps flottant durant lequel on accepte de ne pas savoir précisément vers où il mène. Un tel temps, pour faire sauter les verrous, doit disposer d’un espace, d’un territoire qui puisse s’étendre socio-économiquement, où les personnes qui y vivent auront le sentiment d’agir, la faculté de penser ce qui s’y passe et de forger des nouveaux outils d’échanges socio-économiques. Le territoire est sans doute la condition pour accepter le temps flottant. Le territoire apporte les signes de la transformation en cours et encourage à prendre un temps de plus. Un territoire permet également de penser de nouveaux récits et ouvrir les imaginaires.

  1. Naturia

Naturia est un territoire transformable. A partir des idées de la permaculture et d’une structure coopérative, nous souhaitons entamer un processus de transition en appui concret sur un espace  composé d’étangs, de végétation, de chemins, d’une colline. Des plantes, des animaux et des hommes y vivent. Nous souhaitons mettre en lumière cette vie et les interdépendances qui s’y tissent, les intensifier pour nous relier à d’autres initiatives du même genre et les mettre en valeur pour inspirer des politiques plus participatives.

FR